Les lieux de Zévaco

Exposition virtuelle
à l’occasion du Centenaire Zévaco (1918-2018)

Les lieux
de Michel Zévaco

Petite exploration, à Paris et ailleurs… Cent ans après sa disparition, que sont devenus les lieux que Michel Zévaco a habités, fréquentés, ou romancés ?

1. Lieux biographiques

Le village de Zévaco

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Zévaco, ou Zévacu, est un village du sud de la Corse (canton de Zicavo). Il ne fait a priori aucun doute que la famille Zévaco en est originaire, mais aucun document n’existe pour éclairer ces origines.
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Le lycée Saint-Louis

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Sa famille ayant quitté la Corse en 1869, Michel Zévaco termine sa scolarité en internat à Saint-Maixent, dans les Deux-Sèvres. Il passe son bac à Angers en 1877, puis monte à Paris pour préparer au Lycée Saint-Louis le concours de l’Ecole Normale Supérieure. Il rencontre ainsi pour la première fois le Quartier Latin et sa bohême, et publie des souvenirs de cette période dans quelques articlesPour des raisons inconnues, il arrête ses études au milieu de la seconde année.

Le collège de Vienne

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Même s’il n’a pas terminé son cursus à Saint-Louis, Zévaco est nommé professeur au printemps 1880, au collège de Vienne (actuel collège Ponsard). Il y enseigne durant dix mois, vivement critiqué par ses supérieurs. Il est finalement révoqué pour avoir séduit et enlevé la femme d’un conseiller municipal. Plus tard, Zévaco laissera circuler une autre version de cet épisode, selon laquelle, furieux, n’acceptant pas la mesure de révocation qui le frappe, il serait personnellement monté à Paris jeter sa démission sur le bureau de Jules Ferry.
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Le neuvième régiment de dragons de Cambrai

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Zévaco s’engage dans l’armée le 30 mars 1882, et rejoint un régiment de dragons, ces soldats qui se déplacent à cheval et combattent à pied. Il est probable qu’il loge alors à la caserne Mortier, qui était le quartier de cavalerie de Cambrai. Il quittera l’armée en 1886, avec un bilan de 88 jours de consigne et 118 jours de salle de police.
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Les locaux de L’Egalité

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Zévaco devient rédacteur de L’Egalité en 1889. Le journal appartient alors à Jules Roques, qui le tient de Séverine : il s’agit en fait de l’ancien Cri du Peuple de Jules Vallès, rebaptisé et réorganisé par Roques. C’est dans les bureaux situés au 12 rue Paul Lelong, que Zévaco passera la majeure partie de sa carrière de journaliste, et qu’il commencera à écrire des feuilletons.

Le quartier Picpus

Picpus

C’est dans la circonscription de Picpus-Bel Air que Zévaco est candidat, lors de l’élection législative de septembre 1889. Roques, de son côté, se présente à Clignancourt. Cette élection est l’occasion du premier roman-feuilleton de Zévaco : Roublard et Compagnie. Les tripoteurs du socialisme, est un roman à clefs dont l’intrigue suit le déroulement de la campagne, presque au jour le jour. Zévaco recueillera 1,1% des voix à Picpus.

La prison Sainte-Pélagie

Pélagie

Zévaco fera deux séjours dans cette prison, ancien couvent devenu prison en 1792 : en 1890, pour sa fameuse provocation en duel adressée dans la presse au ministre de l’Intérieur Ernest Constans, et en 1892 pour avoir fait l’apologie de Ravachol. Aujourd’hui disparue, la prison se situait place Sainte-Pélagie, aujourd’hui Place du Puits de l’Ermite.

La rue Montmartre

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C’est au n°59 de la rue Montmartre que Zévaco a habité dans ces années 1890, à quelques pas des locaux de L’Egalité. C’est également l’adresse qu’il indique comme siège social de son journal Le Gueux, dont l’unique numéro est paru le 27 mars 1892.

Le siège du Matin

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Le Matin, journal créé en 1883, est l’un des plus importants quotidiens de l’époque. Zévaco y fera carrière à partir du Capitan, publié en 1906, et c’est là qu’il connaîtra son plus grand succès. Les locaux du Matin étaient situés boulevard Poissonnière : les bureaux et le siège du 2 au 6, et les locaux du 3 au 9.

La maison de Pierrefonds

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Zévaco déménage en 1900 à Pierrefonds, où il rejoint son amie Séverine qui y a également acheté une maison en 1896 (au n°14 de l’actuelle rue Séverine). Sa villa, « La Roche Fleurie », est dotée d’un immense jardin, et située en face du château.
Zévaco est alors père de cinq enfants, et il régularisera son union avec Francesca Passerini en 1907.

La maison de Cagnes sur Mer

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En mai 1914, Zévaco fait l’acquisition d’une demeure à Cagnes-sur-Mer, voisine de celle de Renoir, où il emmène sa famille en vacances : le château de Bréghiers, aujourd’hui démoli. Il était entouré d’un immense jardin de dix hectares.

La maison d’Eaubonne

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Lorsque la guerre éclate, ses deux fils aînés partent au front. Zévaco lui-même s’est présenté comme volontaire, mais son âge et sa santé déclinante ne lui permettent pas de partir.  Pour fuir les bombardements qui se rapprochent, Zévaco déménage avec toute sa famille à Eaubonne. Il y habite une maison située au 30 rue de la gare, actuelle rue du général Leclerc.
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Le cimetière d’Eaubonne

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Et c’est dans la maison d’Eaubonne qu’il décède, le 8 août 1918, d’une maladie d’estomac. C’est donc là qu’il est enterré ; il choisit d’être inhumé, comme Victor Hugo, dans le corbillard des pauvres.

 

2. Lieux de fiction

L’auberge de la Devinière

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Lieu mythique et incontournable des romans de Zévaco, baptisée par Rabelais en personne, la Devinière abrite notamment les aventures de Pardaillan, Ragastens, Nostradamus et Don Juan. En croisant les indications données par les romans, on peut établir qu’elle se situait rue Saint-Denis, le long de l’actuelle impasse Saint-Denis, nommée Cul-de-Sac de l’Empereur jusqu’en 1806.

« Paris, monsieur, c’est la rue Saint-Denis. Ce reste que vous dites, ce Louvre et autres babioles, c’est la province de la rue Saint-Denis qui est à Paris. […] Elevé donc dans la capitale, je veux dire dans la rue Saint-Denis qui est la capitale de Paris, je devais nécessairement aboutir à l’auberge de la Devinière qui est la capitale de la rue Saint-Denis… »
Michel Zévaco, 
Don Juan, Paris, Tallandier, 1916, vol. 1, p. 86.

« … la Devinière, ainsi baptisée quarante ans auparavant par maître Rabelais en personne ! »
Michel Zévaco, 
Les Pardaillan, Paris, Laffont, 1988, p. 204.

La tour médiévale du château de Rambouillet

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C’est dans cette tour, la plus ancienne, que meurt François Ier le 31 mars 1547. Dans Triboulet, il ne meurt pas seul, comme le veut la légende, mais lors d’une dernière nuit entre haine et amour, dans les bras de sa maîtresse Madeleine Ferron.

« Là, comme dans tous les « monuments historiques », il y a un gardien, qui commence par promener ses clients de passage à travers les vastes salons […]. Puis enfin, il vous conduit à un couloir écarté qui aboutit à une cour isolée et on se croit tout à coup transporté bien loin du château.La pièce où nous venons d’entrer est de médiocre dimension. Elle donne sur le parc. Elle est nue. Elle est triste, d’une pesante tristesse qu’on cherche vainement à secouer. Et le gardien vous dit : – C’est là qu’est mort le roi François Ier… Puis, quand son petit effet est produit, quand il voit ses auditeurs impressionnés à son gré, le brave gardien ajoute : – Chose étrange, François Ier voulut être transporté dans cette pièce écartée pour y mourir… il ne voulut pas rester dans sa chambre, il ne voulut pas que son agonie fût entourée de soins et de sympathies : on ne sait pourquoi, mais il se fit transporter ici… et il voulut y être seul ! Et dans l’imagination du visiteur s’éveille cette funèbre vision du vieux roi qui veut mourir seul, loin de son appartement, loin de son fils, loin de ses amis, loin de tout. Pourquoi !… C’est cette curieuse et mystérieuse particularité que nous allons éclairer et qui servira d’épilogue à notre récit. »
Michel Zévaco, La Cour des Miracles, Triboulet tome 2, Paris, Alteredit, p. 398.

Le supplice du Chevalier de La Barre

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Premier roman historique de Zévaco, Le Chevalier de La Barre est aussi un texte de combat, publié pendant l’Affaire Dreyfus. On y suit le Chevalier jusqu’à sa condamnation et son supplice. Il est exécuté le 1er juillet 1866 sur l’actuelle place Max Lejeune, alors place du marché aux blés, à Abbeville.

« Sur la place elle-même, autour du bûcher, quatre cents fantassins formaient le carré. 
Ce fut dans ce carré que s’arrêta le tombereau.
Le bourreau et trois aides descendirent le condamné et le portèrent jusqu’au bûcher où il l’attachèrent solidement. […]
Les flammes s’élevèrent…
Le corps commença à grésiller…
A midi, tout était fini…
Les Abbevillois rentrèrent chez eux : car c’était l’heure du dîner. »
Michel Zévaco, Le Chevalier de La Barre, Paris, Phébus, p. 541.